Chambéry : « l’Insolente », sans dieu ni maître
L’espace autogéré, ouvert l’automne dernier, a fait parler de lui, la semaine dernière, pour avoir été pris pour cible : un acte de vandalisme non revendiqué, survenu au même moment que celui qui a conduit à la dégradation des locaux du PCF. A l’autre bout de la ville. Une triste première pour un espace qui n’est pas connu pour s’afficher en grand dans les rues.


Vers 2 heures du matin, dans la nuit du 4 au 5 juin, la vitre de l’espace dit autogéré l’Insolente a volé en éclats. Un acte survenu à quelques minutes d’un autre fait du même ordre, la dégradation des locaux du parti communiste, avenue Alsace-Lorraine*… à l’autre bout de la ville. Car l’Insolente coulait jusqu’ici des jours paisibles au 50 faubourg Montmélian. Pour Camille comme pour les gens du PCF, aucune doute sur le fait qu’il s’agit d’actes perpétrés par un groupe d’extrême-droite. Le même, dans les deux cas, selon eux. Une plainte a été déposée, une enquête a été ouverte. Pour les membres du lieu, la date n’a pas été choisie au hasard, « Il y a 7 ans, Clément Méric, camarade syndicaliste et antifasciste tombait sous les coups de militants néonazis« , indiquait un communiqué paru le 6 juin. « L’Insolente est un lieu autogéré, émancipateur, fermement opposé à toutes oppressions et discriminations, et investi dans les mouvements sociaux. En ciblant l’Insolente, c’est à cela que les fascistes s’attaquent ».

Les vitres explosées.

Perçu comme un local anarchiste, l’Insolente en réfute pourtant l’analogie. « Ni bar ni salle de concert, nous sommes un espace autogéré, ne dépendons de personne sinon de nos fonds propres et des adhésions« , explique Camille, l’un des membres fondateurs du lieu. « Le principe co-gestionnaire, le fait qu’il n’existe chez nous aucune hiérarchie nous attribuent exagérément une connotation anarchiste, que certains peut-être revendiqueront quand d’autres se sentiront gênés. En tout cas, on ne se revendique pas anarchiste« .

La politique professionnelle ? Très peu pour eux !

Lieu égalitaire, populaire, de résistance, métissé, l’Insolente participe aux luttes sociales, à la solidarité et l’entraide. « On a nos idées, nos pratiques« , poursuit Camille, « qui sont fondamentalement à l’opposé de celles de l’extrême-droite. Nous refusons l’autorité« . La lutte contre le capitalisme est sa base, les principes originels du socialisme, prônés.
Organisée en association, l’Insolente propose des événements comme des conférences théâtralisées sur le féminisme, des projections, des concerts de soutien, des ateliers d’autodéfense numérique, des discussions, en interne le plus souvent, avec, parfois, le concours de collectifs extérieurs. Seulement, elle ne participe à aucun mouvement politique « professionnel« . Ainsi, pas question d’accoler à la campagne d’une manière ou d’une autre. « Nous faisons de la politique, certes, mais à notre manière, sans s’afficher aux côtés de professionnels« , insiste Camille.
Problème, l’élan généré par l’attrait de la nouveauté a été brutalement coupé par une crise nommée Covid. Une crise qui pourrait néanmoins alimenter bien des débats et des conférences.

L’Insolente, espace autogéré, 50, faubourg Montmélian. Plus d’informations sur le site internet du lieu.

A 1h45 du matin, le 5 juin, un groupe de 4 à 5 personnes, cagoulées, a brisé toutes les vitres du local et en a défoncé le volet roulant ainsi que la porte. Les intrus ont laissé des empreintes de sang, facilitant ainsi le travail de la police scientifique, présente sur les lieux vendredi 5 juin, au matin. La présence d’un voisin aurait fait fuir le groupe.

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